Moi, Dodo la Saumure by Dominique Alderweireld

Auteur:Dominique Alderweireld
La langue: fra
Format: epub
ISBN: EPUB9782207115794-69287
Éditeur: Editions Denoël
Publié: 2013-10-15T00:00:00+00:00

8

Le passé revient toujours frapper à la porte, disais-je au chapitre précédent. Je peux le vérifier une fois de plus. Je vous ai déjà parlé de Petit Père. Il se prétend ex-braqueur. Vu son courage légendaire, je subodore qu’il faisait office de chauffeur ; un chauffeur qui se faisait la malle dès l’apparition du premier garde champêtre… Toujours est-il que je rencontre par son entregent un certain P’tit Michel. Jouissant d’une certaine notoriété en raison de son appartenance à la bande qui a enlevé le baron Empain, il vit désormais à Bruxelles où il s’est spécialisé dans le vol à l’étalage. Un business qui lui rapporte 200 euros par jour environ, c’est pas le Pérou mais bien moins risqué que l’enlèvement. Plus moral aussi, dois-je avouer…

P’tit Michel m’oriente également sur André, un ancien de la Carlingue de Lyon, ex-étudiant en médecine aussi. C’est un peu chaud pour lui depuis qu’il a arnaqué des coriaces de la bande d’Aubervilliers en leur fourguant des faux passeports pour trente bâtons. De l’oseille sonnante et trébuchante. André est également un grand ami de Claude Carambois, le vrai patron de la première DPJ, alors très proche du fameux commissaire Jobic. Citons encore Francis le Canadien, un copain de Roger Knobelspiess, condamné pour trafic de faux billets. Ce fils de bonne famille, des chevilleurs qui œuvrent dans l’achat et la revente d’animaux, me remet en relation avec maître Blin. Sept ans après l’affaire de la discothèque de Cogolin ! Une salade pour laquelle j’ai d’ailleurs été relaxé depuis.

Pour parfaire le tableau de famille, je ne peux pas oublier Albert dit Pas de chance, Nico le Délourdeur, l’un des meilleurs perceurs de coffres de Paris et aussi : Marcel le Dingue, Long Pif, Gros Pif, l’Ours, le Gros, Double Mètre, Nanard de Belleville (incontesté roi des faux fafs), M. Micmac, tenancier d’une casse à Aubervilliers au vrai décor à la Fellini avec ses tonnes d’épaves de Jaguar et de Mercedes. On a baptisé son premier lieutenant Whisky, imaginez pourquoi ; quant à sa femme, bien qu’elle n’exerce pas le grand métier, son langage était drôlement châtié, de quoi faire rougir Audiard en personne.

Le courant est toujours bien passé avec maître Blin. Et même si j’ai disparu de son écran radar, il ne m’a pas oublié, il me le prouve en m’enquillant dans une combine légale : me faire nommer liquidateur ad hoc. Pourquoi pas ? Encore un taf inconnu pour moi… mais quand même, passer de l’autre côté de la barrière me fait plutôt marrer. D’autant qu’il est inutile d’être bardé de diplômes de droit pour exercer cette fonction. Là-dessus, des gens en passe de déposer leur bilan s’adressent à moi.

Ma méthode ? Je transfère leur siège social dans un de mes nombreux domiciles… Bernay, Pontoise, Clamecy. Au bout de six mois de domiciliation, je dépose le bilan devant le tribunal de commerce de la région. S’il m’arrive de défendre ma cause devant le président du tribunal, les attendus se règlent généralement au café du commerce ou dans une chasse où tout ce joyeux petit monde se retrouve dans une ambiance détendue.

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